Page 9 - Le Petit Fellagha par YAHIAOUI Med Kamel
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bonne raclée pour avoir arraché et éventré pas moins de
cinquante pastèques dans le champ des melons, parce
qu'aucune n'était assez sucrée à mon goût.
Ces potes, qui habitaient dans la ferme, étaient évidemment
bien différents de ceux que je côtoyai, à longueur d'année au
village, soit à l'école ou dans le quartier comme Gabriel et
Madeleine, les enfants du vétérinaire, François et son frère
Fernand (que nous appelions le cancre) car il avait trois ans
de plus que notre moyenne d’âge), fils de Gaston, l'adjoint au
maire, Jean et Antoine, les fils du garde champêtre, ou encore
Saïd, le gaillard de la famille Seraoui, qui, à 13 ans, en
imposait par sa stature d'adulte.
Autant les premiers me scrutaient subrepticement et avec
envie comme si j'étais un béni de Dieu, pour les seconds,
j'étais en quelque sorte, le petit arabe rigolo et sympathique,
différent des autres fils de ceux que l'on appelait
communément les indigènes.
Il faut dire que pour gagner leur amitié et surtout la
tolérance de leurs parents afin de pouvoir fréquenter leur
progéniture, il fallait faire montre de qualités méritoires.