Page 14 - Le Petit Fellagha par YAHIAOUI Med Kamel
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D'ailleurs, ces petits écoliers indigènes, de condition
modeste, pour ne pas dire misérable, faisaient l'objet de toutes
les brimades et moqueries de leurs congénères européens.
Les habitants du village, tout comme dans l'Algérie entière,
étaient une sorte de melting-pot et, si ces enfants
d'autochtones pouvaient aussi bien ressembler aux enfants
d'Européens de souche italienne, espagnole, maltaise ou
autres, auxquels l'ardeur du soleil donnait un teint basané
commun, ils avaient cependant des signes distinctifs qui ne
prêtaient pas à confusion.
Des vêtements fripés et rapiécés quand ce n'est pas
déchirés, des calottes rouges comme couvre-chef et, en guise
de cartable, un simple baluchon en tissu cousu par la mère.
Et si les tabliers obligatoires bleus ou roses leur servaient
de cache-misère en classe ou dans la cour de récréation, c'est
aux portes de l'école, à la sortie ou à l'entrée, que paraissaient
ces injustes différences.
Il n'y avait pas que la différence vestimentaire, mais aussi
les lieux de vie et les espaces de jeu.