Page 10 - Le Petit Fellagha par YAHIAOUI Med Kamel
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D'une famille à la notoriété morale sans équivoque, cette
position était certes intéressante, mais insuffisante pour être
admis parmi la classe « civilisée ».
J'avais réussi avec insistance à persuader mes parents de
troquer mon mode vestimentaire, chéchia et gandoura, contre
culottes courtes et chemisette et je m’étais promis, pour faire
bonne figure et braver les clichés d'infériorité, d'être sur le
podium des bons résultats scolaires.
Mais dans notre monde de bambins, jouer le pitre pour
amuser la galerie était plus pertinent. Ainsi, j'avais affiné une
technique qui consistait à singer ou tirer la langue derrière le
dos du maître, sur l'estrade et face à la classe, ce qui
déclenchait à chaque fois un rire collectif.
Une autre technique, moins saine pour mes douze ans, mais
aussi efficiente qui consistait à faire tomber un crayon, à se
baisser pour le ramasser tout en matant les dessous des jeunes
écolières, et tout cela toujours en présence d'un public,
évidemment.
La pratique de ces pitreries dont j'étais le précurseur s'était
propagée, par ouï-dire, parmi les autres élèves de l'école,
savez-vous pourquoi ?